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L'Arbre dans la SF

Dans la catégorie suivante, 8 : Guerre, l’hostilité est plus franche. On est un cran plus loin dans la difficulté de s’entendre, c’est la guerre, entre des végétaux agressifs, et l’homme, qui ne l’est généralement pas moins. Les formes végétales sont plus étranges et les armes qu'elles mettent en œuvre sont spectaculaires.

Une compagnie pour le moins étrange, débarque de la fusée spatiale, le Titan, sur une planète baptisée Fortuna, parce qu’elle recèle un fabuleux trésor :
Bennet, le narrateur, humain de la terre, Barberousse, l’homme le plus dangereux de la galaxie, avec ses acolytes : un médecin alcoolique, un saturnien hermaphrodite à la peau bleue, un vénusien boulimique tout vert, un gnome déchet des expérience de fécondations in vitro, un long et maigre mécanicien minéralogiste et la magnifique Laura, blonde et plantureuse chasse gardée de Barberousse.
Cette planète est surprenante. Ils aperçoivent d’abord des arbres démesurés. Puis, c’est un animal répugnant, qui attire leur attention. Des descriptions très poétiques de la flore méritent lecture. Mais c’est ici la férocité de la nature qui nous intéresse. (p.76-77) :

« Tout d’abord, il y a eu ces forêts mystérieuses avec leurs arbres immenses bardés de piquants, de buissons épineux et de longues tiges acérées, si bien que tenter de forcer ces barrières végétales eût équivalu à un suicide. Chaque plante donnait l’impression d’une sentinelle aux aguets, interdisant toute pénétration. Nous avons dû faire demi-tour. »

puis, p.99 :

« Des profondeurs invisibles de la jungle, un long pédoncule nerveux a surgi, s’abattant violemment sur notre compagnon, tandis qu’une autre plante hideuse et flexible émerge du sol, prête à frapper elle aussi. »

On assiste à un affrontement, entre les humanoïdes et la forêt :

p.100 « En l’espace d’une seconde, la forêt autour de nous s’est muée en une véritable machine de guerre »

La bataille est longuement décrite : Attaque d’épines, de lianes, et enfin un arbre-estomac qui les encage et commence à déverser sur eux ses sucs digestifs. On trouve également sur ce monde féroce une forêt de cristal (!) mouvante qui lutte contre un volcan ! !

Mais c'est le cancer végétal qui est le plus impressionnant. Mahika-nho le vénusien, qui a mangé des fruits non contrôlés, en est atteint.

p.116 : « Mahika-nho s’agite dans sa douleur, et ses mains tuméreuses courent sur sa poitrine dénudée, sur ces grosses protubérances verdâtres qui « germent » sur sa peau fissurée et craquelée. Je ne trouve pas d’autres mots pour expliquer cette chose. On dirait des bourgeons gonflés de sève qui germent, oui, qui germent dans sa chair, et le corps du vénusien est envahi de la tête aux pieds. »

plus tard,

p.120 «  Des tiges noueuses ont creusé ses vêtements et autour de lui, émergeant du corps nourricier, ce n’est qu’un enchevêtrement de branches et de feuilles mouvantes. Ce qui reste du vénusien est cloué au sol par d’étroites racines et une multitude de vrilles tentaculaires. »

et après une nuit

p.124 « le bras émerge du sol ; membre géant, monstrueux et profondément enraciné dans la terre blême et craquelée. En une fraction de seconde, nous réalisons l’épouvantable symbiose dont le foyer n’est autre que le cadavre broussailleux qui gît au milieu de la lande.
Le bras de Mahika-Nho !
Le bras végétal a proliféré jusqu’aux limites de l’absurde et de l’impensable... »

Quand enfin, les aventuriers regagnent leur vaisseau, avec quelques diamants, les plantes ont recouvert le vaisseau. C'est la guerre encore...

Au bout du compte, les derniers survivants, Laura et Bennet, sont pétrifiés, atteints jusque dans leurs organismes par l’horreur de la planète Fortuna.

En fait, ces récits d’hostilité entre les végétaux et les humains ne sont pas rares dans la littérature qui nous intéresse. Il ne s’agit en effet que de variations du thème de la rencontre entre races. Sauf qu’au lieu des fameux petits hommes verts, on a les grands arbres féroces. Et qu’au lieu de désintégrateurs à rayons ionisants, les ennemis se servent d’armes plus exotiques, telles que le jet de venin, les lianes préhensiles, les épines fulgurantes et que sais-je encore.

Est-il possible d’aller plus loin ?
Max-André Rayjean l’a fait, allant jusqu’à mettre en péril ( temporairement, au moins) la dignité et la vie d’humains.