Il s'agit dans ces histoires de proposer une vision dystopique de notre vie dans le futur, où l'arbre brille par son absence. Ce type de récit n'est pas rare. C'est même le cliché qui vient à la plupart de ceux qui ne voient que l'écorce de la science-fiction. Une société d'ordre et de technologie, ou de chaos postcataclismique, qui se manifeste par l'absence ou la rareté des végétaux.
L'homme, comme espèce, a la maîtrise quasi-absolue de son devenir,
mais les paysages sont aseptisés, les existences étriquées,
réglées dans les moindres détails. Dans ces mondes sans
arbres, généralement, les hommes non plus ne sont pas libres.
On pense ici à des dizaines d'exemples, et peut-être plus encore
aux angoissantes "Cavernes d'acier", où
les Terriens de demain, vivent sous la surface du globe. Si à certains
endroits il est encore possible de voir des arbres, l'homme ordinaire s'en
passe et pour lui, tout ce qui s'apparente à la nature est susceptible
de provoquer troubles et malaises.
Ces cavernes sont décrites, dans l'ouvrage en question, mais également
dans "Face aux Feux du Soleil", qui éclaire
cette façon de vivre, en la comparant à celle de Spaciens, à
certains égards, plus proche de nos références actuelles.
Elijha Baley le détective Terrien, venu des cavernes d'acier est
demandé sur Solaria. Une planète à la surface de laquelle
vivent des humains (Spaciens) incapables de tout contact les uns avec les
autres et qui n'ont d'activités communes que par la stéréovision.
Dans cette société presque sans contacts, où les robots
sont omniprésents se produit pourtant un meurtre.
Elijha, en route vers Solaria évoque sa planète, la Terre :
p.7-8« [...]à mille cinq cent mètres sous terre, et à des vingtaines de kilomètres à la ronde, les villes. Les couloirs interminables et affairés des villes, pensait-il, grouillants de population : les logements, les cantines communautaires, les usines, les trains express : tout cela, bien confortable, bien tiède, à l'image de l'homme. »
L'arbre brille bien par son absence.
p.19 : « Il se mit soudain à concevoir la Terre comme une sphère de pierre, recouverte d'une pellicule d'humidité et d'atmosphère, entourée par le vide, encerclée par le néant ; et les villes à peine enfoncées dans la couche externe, faisant une transition précaire entre le roc et l'air. »
Sur Solaria, la vie à la surface est assez pénible pour le
terrien.
Lorsqu'il voit (p.43) « le domaine de Kinbald, qui est entièrement
consacré à des vergers », il s'évanouit.
Bien plus tard, Elijha rencontre... un arbre.
p.197: « il passa devant un arbre alors qu'il suivait Klorissa à une dizaine de pas et ne put s'empêcher d'avancer prudemment la main pour le toucher. Plus haut les frondaisons bruissaient et s'agitaient dans la bise, mais il n'osa pas lever les yeux pour regarder : un arbre qui vivait.